Retour sur l’action : Mets un raffut aux addiction
A la fin du mois de janvier, l’APARE lançait au sein de ses 38 clubs membres, l’action : Mets un raffut aux addictions.
1 mois et demi plus tard, ce sont plusieurs centaines de jeunes joueurs et joueuses qui ont étés sensibilisés aux risques d’addictions causées par l’alcool, la drogue et les réseaux sociaux.
Retrouvez l’album photo de cette action juste ici !
Pour mettre en avant cette action, le Midi Olympique et Rugbyrama ont publié un article avec le témoignage de Serge Moronvalle, vice-président de l’APARE.
Retrouvez cet article de presse ci-dessous :
« Les réseaux sociaux sont le mal de notre siècle », affirme Serge Moronvalle, vice-président de l’Apare
Alertés par les comportements déviants observés dans le monde du rugby ces dernières années, les membres de l’APARE (Alliance des Présidents et des Associations du Rugby de l’Élite) ont décidé d’agir en organisant l’opération « Mets un raffût aux addictions », qui vise à sensibiliser les joueurs aux dangers de la drogue, de l’alcool et des réseaux sociaux. Serge Moronvalle, vice-président de l’Apare, présente ici cette opération…
Pouvez-vous présenter le programme « Mets un raffût aux addictions » ?
Le but du programme, qui s’est tenu sur les mois de janvier et février, était de sensibiliser les associations supports des 38 clubs professionnels aux problèmes d’addictions qui touchent notre société. L’actualité nous montre régulièrement que le rugby n’est pas épargné et l’APARE a jugé qu’il était important de mener des actions de sensibilisation, surtout au niveau des jeunes.
Concrètement, quelles actions avez-vous menées ?
Nous avons décidé de travailler en deux temps. D’abord, nous avons conduit une première action qui consistait en un affichage avec des « roll-up » que nous avons fournis à toutes les associations en leur demandant de prendre des photos de leurs équipes jeunes devant cet affichage. Et, si possible, dans le cadre d’un match, ce qui permettait d’avoir deux équipes sur la photo, et de faire ça sur toutes les catégories d’âge (Gaudermen, Alamercery, Crabos, Espoir, féminines de moins de 18 ans). Pourquoi cette première action ? Parce que le meilleur moyen d’être sûrs que les jeunes s’imprègnent du « roll-up » était encore de le leur mettre sous le nez. Lutter contre les addictions, c’est avant tout un message à faire passer aux jeunes. Cela nous permettait, aussi, de collecter un maximum d’informations, de photos, pour communiquer plus tard autour de notre opération. L’idée est de pouvoir afficher, montrer, que les toutes les équipes de l’élite sont sensibles au sujet et se questionnent sur les bonnes conduites à tenir face aux phénomènes d’addictions.
Notre deuxième action a été de mener une visioconférence de sensibilisation avec les médecins de la Fédération Française (Dr Olivier Capel, Médecin du sport et Président du Comité Médical FFR, et le Dr J-Christophe Seznec, Médecin psychiatre, spécialiste en psychologie du sport et du travail, Responsable du secteur lutte contre le dopage et les addictions) qui a été pour nous un vrai succès. Une soixantaine de personnes ont participé à cette réunion. Nous avons particulièrement apprécié l’intervention du docteur Aurore Bezo, Médecin Psychiatre et cheffe de clinique, service d’addictologie Hôpital Paul Brousse, qui fut très claire, très didactique, pour expliquer aux clubs ce qu’ils devaient faire en amont pour prévenir les risques d’addictions, les signes avant-coureurs qui peuvent témoigner qu’un joueur est en train de sombrer dans une dépendance, les choses à éviter, etc… C’était très intéressant.
Quels ont été les éléments déclencheurs qui ont fait prendre conscience à l’Apare qu’il fallait agir ?
Les événements de l’été (affaire Jegou-Auradou, N.D.L.R.) ont joué un rôle évident, mais pas seulement. Je pense que ces débordements ne sont malheureusement que la partie émergée de l’iceberg. Il y a aussi des problèmes de contrôle antidopage qui se révèlent positifs sur des catégories jeunes. On se rend compte que l’on se pensait un peu protégés dans le milieu du sport et du rugby et que nous faisions un peu les autruches en refusant de prendre conscience de nos problèmes. Nous sommes un peu paradoxaux : on se pense à l’abri des comportements addictifs mais nous avons un culte de la troisième mi-temps qui a pris trop d’importance et qui débordait du cadre de la convivialité. Il y a eu des accidents régulièrement, des jeunes qui se tuent en voiture après une soirée, des choses comme ça. Donc je pense qu’il fallait qu’on fasse quelque chose. Et on a des valeurs dans le rugby qui sont importantes, des valeurs sociétales qui sont très ancrées… Je pense qu’on est un sport qui peut servir d’exemple.
C’est difficile à quantifier, à chiffrer, mais est-ce que vous vous êtes donné des objectifs précis pour cette campagne de sensibilisation ?
Non, on n’a pas donné d’objectif précis. Ce qu’on voulait, c’était plus créer une réflexion autour de ces problématiques. Il y a des clubs qui sont en train de réinventer la troisième mi-temps, qui travaillent à faire comprendre à leurs jeunes que l’on peut très bien s’amuser sans forcément passer par l’alcool ou les drogues. Donc ça, c’est toutes ces bonnes pratiques qu’on est en train de collecter en ce moment et qu’on va rediffuser au club pour qu’il y ait une réflexion. Puis surtout, sensibiliser, parce que souvent, on se positionne à des addictions adultes, etc. En fait, on se rend compte que ça commence très jeune. C’est ce que nous ont dit les médecins. Même à l’école de rugby, il faut commencer à se poser des questions sur les moins de 14, au collège. C’est une population qui est très sensible à l’âge du collège. C’est à ce moment-là qu’il faut se positionner. Je pense que c’est un point qui était aussi important. On ne s’était pas forcément rendu compte de ça.
Qui dit addiction dit souvent drogue et alcool. Mais quid des réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux sont intégrés à toutes ces problématiques d’addictions, en effet. Nous nous sommes rendu compte qu’il y avait quand même beaucoup de choses qui étaient en lien avec les « RS ». Des challenges qu’on peut se donner, mais aussi des images qui sont glorifiées. Les réseaux sociaux permettent un effet « boule de neige » et amplifient les effets de groupe. Donc, on veut sensibiliser sur ses nouveaux supports pour dire aux jeunes qu’ils doivent prendre un peu de distance par rapport à ça, les inciter à réfléchir à ce qu’ils font. Les réseaux sociaux, s’ils sont mal maîtrisés, sont peut-être même pires que la drogue car plus accessibles. Cette hyperconnectivité que peuvent avoir nos jeunes, c’est le mal de notre siècle.
N’y allez-vous pas un peu fort en mettant les « RS » au même plan que la drogue ou l’alcool ?
On se rend compte que c’est hyperperturbant puisqu’on arrive à se désocialiser totalement avec les réseaux sociaux. Et en fait, derrière, on voit bien les preuves de solitude qu’il peut y avoir actuellement. Avec ces réseaux, on est seul au milieu d’une foule.
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Article de David Bourniquel pour le Midi Olympique et Rugbyrama